Dictionerfs – Inédits – PRÉREQUIS COERCITIFS

PRÉREQUIS COERCITIFS, Cultiver son jargon (Groupe abonominable)

Le fonctionerfs aime les mots, les expressions. Et le jargon de l’Éducation en offre à foison.
Cette année, il y eut, par exemple ‘Les ressources granulaires didactisées’ (https://dictionerfs.wordpress.com/2016/09/03/dictionerfs-inedits-a-la-rentree-si-tu-reviens-je-granule-tout/), ou, plus célèbres, le prédicat et l’EPI. Mi-juillet, ce sont de bien étranges « prérequis coercitifs » qui le sortent de sa torpeur estivale (Nota bene : ce n’est pas une expression labellisée par l’E.N, plutôt par des contestataires).

Alors que des filières universitaires sont en tension et qu’APB (admission post bac algorithmée) dysfonctionne, un spectre hante l’éducation : les prérequis coercitifs.

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Pour entrer à la fac, y’a pas d’arrangement. Le prompt renfort du tirage au sort a trouvé ses limites. À l’avenir, dit-on, la fac ne devrait plus être une annexe de la Française des jeux. Surtout lorsque la PQR témoigne contre l’APB : «Il a 18,34 de moyenne au bac mais est recalé à la fac» (la Manche libre)

Le mot ‘prérequis’ était apparu pendant la campagne présidentielle lorsque le candidat, devenu depuis président, souhaitait instaurer des prérequis pour accéder à l’Université. Avec le secours de cours d’été pour les plus fragiles : non, on ne pense pas à ses études en se rasant !

Après son élection, vient son idée de sélection. Sélection ?! Pas si simple. Prérequis, c’est mieux. Malgré l’euphémisme, en ce mois de juillet, la question de l’accès à la fac fait couac.

La clause Molière continue ? S’agit-il de Précieux Prérequis coercitifs ridicules ? Tout étudiant qui le souhaite nous pourrait donc plus profiter des commodités de la conversation qu’offrent les bancs des facultés ?

Alors que la canicule plane, les prérequis sonnent comme une sélection sèche. De quoi même rendre moite l’étudiant En Marche qui a un prrrrrojjjjjetttt ! Caricature ou non, l’ex-lycéen est très affecté à la fac.

Coercitifs ou indicatifs ? That is the question. L’adjectif la joue électron libre et le groupe nominal se fait abominable.

« Prérequis coercitifs », l’expression employée par les opposants ne plaît pas. Elle est même traitée de pléonasme sous le soleil noir de la mélancolie universitaire…Ah ! c’est donc une sélection ?

Reste donc à savoir si par « prérequis coercitifs » on entend niveau ou sélection ?

Le niveau suppose une possible remise à niveau.

La sélection suppose un tri. Social, le plus souvent.

Le fonctionerfs nourri au bon lait de l’alma mater croit encore aux vertus du Service Public et au fait que chacun doit en avoir sa chère rasade. It matters.

Le dictionerfs historique de la langue française le met en garde à l’article Requérir : « Tout comme quérir a pâti de la concurrence de chercher, requérir a perdu une partie de ses emplois au profit de rechercher. »

Doit-on en déduire que les prérequis sont les meilleurs ennemis de la Recherche ?

À voir.

Petit bonus.

En cultivant son jargon universitaire, le fonctionerfs a aussi rencontré l’expression « l’arc de la licence ». Ça lui a fait penser à Ulysse et à cet arc qu’il devait tendre pour faire passer une flèche à travers douze haches pour les beaux yeux de Pénélope. Le fonctionerfs ne savait pas qu’il y avait de telles épreuves pour entrer en licence.

12 haches pour une licence ?

La licence, combien de prétendants ?


complément : http://www.liberation.fr/france/2017/07/17/contre-tarek-mahraoui-ne-pas-remplacer-apb-par-des-prerequis-coercitifs_1584485

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